L’Expérience de Asch : Une belle illustration du biais de conformisme

Date de publication : 11 septembre 2024

En 1951, le psychologue Solomon Asch a mené une expérience pionnière pour démontrer le pouvoir du conformisme dans les décisions d’un individu au sein d’un groupe. Son étude, qui reste une référence majeure dans le domaine de la psychologie sociale, révèle à quel point les individus peuvent être influencés par l’opinion majoritaire, même lorsque cette dernière est objectivement fausse.

Description de l’Expérience

Asch a invité des étudiants âgés de 17 à 25 ans à participer à ce qu’ils pensaient être un test de vision. Cependant, l’objectif réel de l’expérience était d’observer comment un individu réagit lorsque placé dans une situation où tout le groupe émet des réponses erronées. Dans chaque groupe, un seul participant n’était pas au courant du véritable but de l’expérience ; tous les autres étaient des complices de l’expérimentateur.

Les participants étaient invités à comparer la longueur de lignes tracées sur une série d’affiches : une ligne modèle située à gauche et trois autres lignes à droite. Ils devaient indiquer laquelle des trois lignes de droite correspondait à la longueur de la ligne modèle. Au début, les complices donnaient tous la bonne réponse, mais à partir du septième essai, ils ont commencé à donner unanimement une réponse incorrecte. Le “sujet naïf” était toujours l’avant-dernier à répondre, et il se trouvait progressivement de plus en plus perplexe face aux réponses fausses mais unanimes de ses pairs.

Résultats et Impacts

Les résultats de l’expérience d’Asch ont montré que la majorité des participants, lorsqu’ils étaient seuls ou non influencés, répondaient correctement. Cependant, lorsqu’ils étaient confrontés à l’unanimité d’un groupe donnant des réponses manifestement fausses, environ 37 % d’entre eux se conformaient à ces réponses incorrectes. De plus, 75 % des participants se conformaient au moins une fois au cours de l’expérience.

Le taux de conformisme observé est d’autant plus surprenant que les erreurs étaient souvent flagrantes, les participants allant jusqu’à affirmer que deux lignes avaient la même longueur alors que la différence était évidente. Certains participants ont ensuite expliqué leur comportement en attribuant leurs erreurs à des problèmes de vision, ce qui démontre à quel point la pression sociale peut affecter la perception et le jugement individuel.

L’expérience a également révélé des sentiments fréquents de confusion, d’anxiété et de stress chez les participants, qui étaient tiraillés entre leur propre perception et la pression du groupe.

Variantes de l’Expérience

Solomon Asch a exploré différentes variables pour mieux comprendre les mécanismes du conformisme :

  1. Taille du groupe : Asch a testé différents nombres de complices. Face à une seule personne, les sujets maintenaient généralement leur propre opinion. Cependant, dès qu’il y avait deux autres personnes, 14 % des participants se conformaient à la mauvaise réponse. Avec trois complices, le taux de conformisme atteignait 32 %. Asch a conclu que la pression du groupe atteignait son maximum avec un groupe de 3 à 4 complices, et diminuait lorsque le groupe devenait trop grand.
  2. Unanimité du groupe : Le taux de conformisme chutait considérablement lorsque l’un des complices donnait une réponse correcte, brisant ainsi l’unanimité du groupe. La simple présence d’un soutien, même d’un seul individu, aidait les participants à maintenir leur indépendance de jugement.
  3. Retrait d’un partenaire : Lorsqu’un partenaire soutenait initialement le participant naïf en donnant des réponses correctes, puis se ralliait à la majorité après quelques essais, le taux de conformisme augmentait de manière significative, montrant à quel point le soutien social est important pour résister à la pression de groupe.

Conclusion

L’expérience de Asch a mis en lumière la puissance de la pression sociale et la tendance des individus à se conformer aux opinions majoritaires, même lorsque celles-ci sont objectivement fausses. Cette étude a également ouvert la voie à d’autres recherches sur le comportement humain en situation de groupe, notamment celles de Stanley Milgram sur l’obéissance à l’autorité. Asch a montré que les décisions des individus peuvent être façonnées par des influences externes, soulignant l’importance de la dynamique de groupe dans les choix personnels.

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